Cette problématique étant posée, il est intéressant de relever que cette réflexion s’ancre dans une culture profondément occidentale. En effet, depuis la distinction kantienne du beau et de l’agréable4, l’olfaction – et donc le parfum – se sont trouvés régis par le seul principe d’agrément. Dans les cultures asiatiques, entre autres, cette classification du parfum n’est pas admise. Ainsi, nous nous centrerons pour cette réflexion uniquement sur la conception occidentale et française du parfum ainsi que de l’esthétique, sans prétendre en aucune façon à traiter de la parfumerie ou de l’esthétique à travers les cultures.
1 / Paroles
a - Paroles publiques révélatrices d’un flou esthétique propre aux parfums
“Avez-vous déjà été touché esthétiquement par un parfum ? :
- Oui, quand je sens mon parfum, c'est comme si j’avais trouvé quelque chose qui me manquait.
- Non. Pour moi, l’art n’est pas comparable aux odeurs, c’est un sens.”5
Spontanément, lorsque l’on demande à un ensemble de personnes : considérez-vous le parfum comme une œuvre d’art, ou comme un produit de consommation, la réponse sera nuancée. En effet, environ 50 % affirmeront qu’il y a bien la présence d’une œuvre dans le parfum, tandis que l’autre moitié qu’elle y est absente6. Cette indécision dans le choix de l’une ou de l’autre nous montre d’emblée la difficulté à trancher la question. Ce premier résultat introduit ainsi le rapport et la tension particulière qu’entretient la Haute-Parfumerie avec l’art et la marque. Le parfum apparaît alors dans un flou esthétique certain, tant il nous procure des sentiments et des sensations sans toutefois nous convaincre réellement de sa visée esthétique.
Dans cette idée, une autre donnée intéressante à prendre en compte dans la détermination du statut de la fragrance, est l’attention portée au nom du parfumeur lui-même. Si nous nous référons à cette même enquête, 83 % des personnes interrogées ne souhaitaient pas non plus être informées du nom du Nez créateur de leur parfum. En effet, face à cette réponse assez explicite, la reconnaissance du parfumeur-artiste et donc de son œuvre, semble alors compromise. Effectivement, l’absence de signature ou de mention du parfumeur, comme il est d’usage de la faire sur une création esthétique, rend d’autant plus difficile sa reconnaissance en tant qu’œuvre à part entière.
Cependant, cette donnée montre aussi implicitement que le public porteur de parfum paraît manquer d’une forme de connaissance sur le processus de création du parfumeur. Il est vrai que certaines marques de Haute-Parfumerie privilégient, quant à la création de leurs parfums, le secret au point d'occulter entièrement le nom de leur parfumeur par souci de confidentialité.
On peut entendre cet argument du point de vue du marketing par exemple, mais du point de vue du parfum lui-même, cette réponse apparaît presque contraire à la valorisation d’une fragrance. Cela revient ainsi à dire, que le parfum est un produit marqué dont la connaissance se limite aux codes et égéries choisis pour le représenter. Pourtant, si la marque souhaite véritablement magnifier ses créations, la valorisation du parfumeur pourrait bien au contraire attester de l’originalité de ses parfums, tout en augmentant leurs valeurs et l’authenticité de leurs conceptions. Dans cette situation, le public amateur de fragrances serait alors, lui aussi, plus à même de considérer le choix de son parfum presque comme l’acte d’achat d’une œuvre.
Dès lors, si l’acceptation du parfum comme œuvre esthétique, du point de vue du public, reste encore largement discutée, voire indécidable, et si cette hésitation était le reflet d’une connaissance insuffisante du parfum, ne faut-il pas alors laisser la parole aux parfumeurs eux-mêmes ? En tant qu’auteurs, se perçoivent-ils comme véritables créateurs de leur parfum ? Entendons ici le mot “créateur”, selon la définition kantienne, comme celui ou celle dont le génie engendre une œuvre originale et exemplaire.
b - Paroles de créateurs
“Dans mon métier, je poursuis cette recherche de création, toujours inventer, explorer des voies nouvelles, et confronter la parfumerie à l’art sous toutes ses formes.” Mathilde Laurent, parfumeur exclusif chez Cartier7.
À entendre Mathilde Laurent parler de ses créations, le doute n’est plus permis. En effet, pour le Nez de Cartier, le parfum recèle indéniablement une puissance esthétique. “Le parfum a un potentiel d’évocation et d’élévation qui élève l’âme, c’est un vecteur de contemplation. Sentir une odeur, ça peut véritablement ouvrir des champs de l’esthétique et de l’art hyper intéressants"8, poursuit cette dernière avec assurance. Pourtant, bien que Mathilde Laurent soit convaincue de la portée artistique de son travail, elle reconnaît néanmoins que “trop de marques veulent juste proposer des produits, sans transmettre la vérité sur l’art de la parfumerie.”9 Ainsi, nous retrouvons ici encore cette porosité particulière entre art et marque, qui peut, si cet accord n’est pas équilibré, desservir l’un comme l’autre. Il apparaît en effet primordial que la marque, travaillant avec le parfumeur, partage elle aussi cette ambition et cette vision esthétique.
Malgré ce point de vue encourageant au sein même du monde de la parfumerie actuelle, les divergences persistent pourtant entre parfumeurs. Il y a en effet une vraie controverse dans ce milieu professionnel, où l’on entend dire parfois, comme dans la maison de parfums Roure par exemple : “La parfumerie, ce n’est pas Matisse !”10. Pour les uns, l’impact marketing et commercial éloigne le parfum d’un processus de création purement esthétique ; pour d’autres, la visée du parfumeur est sans conteste d’élever l’âme et l’intellect par la fragrance, car “les parfums sont des constructions humaines et donc une construction de pensée”, affirme le célèbre parfumeur Jean-Claude Ellena11.
Encore une fois, aucun point de vue unanime ne semble émerger. Les divergences paraissent au contraire s’épaissir dans ce milieu, où les uns semblent avoir dépassé une vision trop historique de leur métier, attachée à des accords olfactifs normés et codifiés ; tandis que d’autres s’attachent à préserver cette conception très patrimoniale de la parfumerie.
Si ni le public ni les professionnels ne réussissent à trancher ce questionnement, entendons à présent une nouvelle voix philosophique.
c - Paroles de Chantal Jacquet et Edmond Roudnitska : un pas de côté philosophique
Rappelons tout d’abord qu’il est indéniable de reconnaître que le parfum appartient le plus souvent au domaine du luxe, domaine au sein duquel toutes créations tendent à devenir des produits d’exception, frôlant la plupart du temps l’œuvre d’art. C’est en effet sur ce point que revient également Chantal Jaquet : “La composition de parfums est paradoxalement une activité de luxe qui fait figure de parent pauvre d’un point de vue artistique”12.
Ainsi, tenter de réfléchir sur la place du parfum dans le domaine de l’esthétique ne peut exclure une étude de la pensée philosophique à ce sujet. En effet, un nouvel éclairage émerge chez quelques penseurs, qui tentent de proposer une forme moderne de l’esthétique.
C’est le cas de deux chercheurs de ce domaine, tout d’abord la philosophe Chantal Jaquet, puis le parfumeur et théoricien Edmond Roudnitska. Ces deux auteurs affirment sans hésitation “qu’il est nécessaire d’ouvrir à nouveau le chantier de l’art, de bousculer ses catégories établies pour voir s’il est possible de faire rentrer le parfum par la grande porte et de contribuer ainsi au mouvement de réhabilitation et de réévaluation de l’odorat qui s’opère actuellement”13. Ces premiers mots qu’écrit Chantal Jaquet dans son livre L’art olfactif contemporain en 2015 illustrent également parfaitement la véritable bataille menée dans les années 70 par Edmond Roudnitska au sein même de son milieu professionnel. En effet, ce dernier sera un des premiers à être convaincu que derrière le parfum il y a une pensée et une esthétique, car, comme il le dit lui-même dans son célèbre ouvrage L’esthétique en question : “l’audience des grands parfums, comme celle de la belle musique, est universelle”14.
Edmond Roudnitska fut en effet un des premiers parfumeurs à tenter d’esthétiser le parfum pour en faire une œuvre d’art à part entière. Auteur de Diorissimo, ou encore de Femme pour Rochas, ce parfumeur penseur entreprit de proposer une grille de lecture pour juger de la qualité et de l’originalité d’une fragrance. L’ambition de cette grille est bien sûr pour lui de dépasser la simple appréciation agréable ou désagréable d’un parfum. Il s’agit pour Roudnitska d’attester de la puissance artistique d’un parfum, en prenant par exemple pour critère “la fulgurance de la sobriété”, pour reprendre ses termes. Cependant, cette grille de lecture et d'analyse reste encore aujourd’hui absente de nombreuses marques de Haute-Parfumerie et se trouve limitée à un cercle restreint de parfumeurs de niche, souvent inconnus du grand public.
Il apparaît alors primordial de remédier à ce statut touchant encore trop peu le champ de l’art. Dans ce sens, nous pouvons constater que ces deux auteurs nous proposent non pas de faire entrer le parfum dans la conception classique de l’esthétique, mais bien à l’inverse de renouveler les fondements de notre approche esthétique. Dans ce sens, Chantal Jaquet nous expose qu’il pourrait bien y avoir une richesse culturelle dans la fragrance, si nous admettions que l’esthétique peut inclure “le flux, le passage, l’infini-décimal, et le devenir”, pour reprendre les termes de l’auteur. Ces quatre notions nous amènent à revoir la notion d’œuvre comme étant un objet pérenne qui n’évoluera plus. Ces mots sont révélateurs de l’immatérialité et de l’évanescence du parfum, obligeant ainsi à accepter qu’une œuvre esthétique ait un caractère mouvant et éphémère.
qui serait mouvante et évoluerait dans le temps.
©Lise Mathieu-Manuel
2 / Entre dimension sensible et dimension spirituelle
a - Une culture purement visuelle et auditive
Après avoir entendu les divergences sur la vision actuelle du parfum, revenons un instant sur ces fameuses catégories établies de l’esthétique et de l’art dans notre culture. En effet, au sein des fondements de notre culture française et occidentale, l’accès à l’art et à l’esthétique ne peut se faire, traditionnellement, que par le biais de nos sens réflexifs que sont la vue et l’ouïe. Depuis l’Antiquité, nous concevons donc notre approche du beau à travers une relation ambigüe entre le monde sensible et le monde intelligible, les considérant l’un et l’autre sans toutefois les réconcilier. C’est effectivement ce qui ressort dès les écrits de Platon à ce sujet, comme le cite ici Christine Talon-Hugon : “le sensible est un objet ontologiquement indigne et la beauté est ailleurs que dans les choses.”15. La prédominance de nos sens visuel et auditif apparaît alors, de par le fait que ces derniers nous permettent d’avoir une distance critique vis-à-vis de ce que nous percevons, amenant ainsi une forme de réflexion et de contemplation. La vue et l’ouïe seraient donc les seules à dépasser leurs qualités sensibles, nous amenant à pouvoir méditer sur le monde et l’esthétique.
En conséquence, ce recul critique étant par nature absent de l’olfaction, celui-ci semble alors nous rapprocher davantage de notre animalité, de nos besoins et de notre plaisir. L’olfaction est donc, de ce point de vue, dans l’incapacité totale à nous enrichir culturellement et esthétiquement, et réussirait tout au plus, à nous combler sensoriellement. En effet, cette dévaluation de l’olfaction serait due en grande partie à l’attachement aux parfums que nous sentons. “L’argument souvent formulé pour refuser un art du parfum est sa relation trop forte à l’affectif. L’odorat est trop souvent associé à l’affectif positif ou négatif et cela l’exclut des valeurs de l’œuvre de l’esprit.”16, nous confirme le neuroscientifique André Holley.
Ces arguments si tranchants sur le statut de l’olfaction, nous placent alors dans un doute face à ce que nous avons évoqué plus haut. La force de nos traditions culturelles serait-elle vraiment prête à laisser arriver cet interstice, dont le parfum aurait besoin pour être réévalué ? Monde spirituel et monde sensible sont-ils vraiment incompatibles dans la notion d’esthétique ?
b - Une sensorialité excluant toute spiritualité ?
Ces préjugés sur l’olfaction semblent en effet non seulement ancrés culturellement, mais aussi, paradoxalement, mis en exergue dans le monde de la parfumerie actuel. En effet, les lieux de monstration des parfums semblent se satisfaire de cette vision purement sensuelle de la fragrance, en en faisant même le fer de lance de cette catégorie de produits. Une logique marketing et de vente est bien sûr en grande partie à l’origine des codes sensuels, véhiculés au travers du parfum. En effet, comme nous le rappelle Benoît Heilbrunn, docteur en science de gestion : “le parfum est un objet affectif”17. La marque joue alors seulement sur le registre sensoriel et sur la puissance d’attachement que le parfum crée avec une personne. Ainsi, les capacités de réminiscence et de sensorialité d’une fragrance semblent être les seules à pouvoir mettre en valeur le parfum. Ce choix s’explique de façon naturelle par le fait que “le parfum est typiquement un produit autobiographique, dans le sens où il s’incorpore à la vie du client pour devenir une part de son identité et de son histoire.”, comme nous le dit Benoît Heilbrunn. Cette donnée affective et intime place indubitablement le parfum dans le champ du plaisir, du désir et du charme. Nous arrivons donc à la conclusion logique que la dimension sensible du sens olfactif, prend le pas sur une expérience esthétique plus profonde et réfléchie.
et l’ambivalence de la Haute Parfumerie. ©Lise Mathieu-Manuel
Et pourtant, la Haute-Parfumerie atteint un si haut degré de raffinement olfactif qu’on ne peut légitimement se contenter de ce constat sensible et ne pas explorer la porosité que pourrait avoir la fragrance avec le monde spirituel. Par spiritualité, nous entendons ici parler de ce qui nous amène à une ouverture de pensée vers quelque chose de plus élevé, que l’on pourrait nommer l’absolu. Ce qui est spirituel tend vers une forme de symbiose entre notre être et le monde, entre nous-mêmes et autrui, et cet accord ne peut se faire qu’avec un certain détachement envers soi-même.
Cette forme de détachement s’apparente alors à celle du plaisir esthétique. En effet, suivant la distinction kantienne du beau et de l’agréable, la notion de beau amène à une telle intensité, à une telle contemplation, que l’on s’oublie alors soi-même pour se fondre dans cet absolu spirituel. Le plaisir est alors “désintéressé”, pour reprendre les termes du philosophe lui-même. Inversement, le domaine de l’agréable nous pousse à un retour à nos sensations, à ce que nous éprouvons, et nous désirons alors pleinement posséder ce sentiment agréable. Cette forme de plaisir est donc, selon le théoricien, “intéressée”.
L’on peut alors s’interroger, après cet éclairage philosophique, sur la position prise par le parfum face à cette classification. Peut-il tendre, par sa sensorialité, vers la dimension spirituelle ? L’étymologie même du mot parfum nous donne déjà une piste sur cette ouverture. En effet, venant du grec per fumum, le parfum veut littéralement dire “par la fumée”. La philosophe Chantal Jaquet nous rappelle dans ce sens le caractère hautement symbolique du parfum dans l’histoire et son caractère rituel. En effet, le parfum fut perçu dès son origine comme un lien entre l’En Haut et l’En Bas, ce qui lui donna un caractère ascensionnel et spirituel. L’éternité s’articule alors avec l’éphémère dans le parfum, car c’est en effet sa brièveté qui lui confère ce lien avec le monde divin.
Cet éclairage historique vient ici confirmer notre hypothèse qu’une autre vision du parfum est possible, malgré ses abords sensibles. De tout temps, le parfum continue d’accompagner nos rites les plus spirituels et semble avoir ainsi toujours eu une réelle capacité d’élévation de l’esprit. Nous sommes alors dans un paradoxe évident devant une parfumerie prônant la part sensible du parfum, et de l’autre, devant une communauté spirituelle ne croyant qu’en la part sacrée de la fragrance. Ne faudrait-il pas alors envisager une forme de réconciliation de ces deux perspectives, en passant par le biais de l’esthétique ?
c - Une esthétique de la réception
Il y a, en effet, dans la Haute-Parfumerie, quelque chose qui la place à part du monde olfactif, qui nous déstabilise dans nos convictions esthétiques. Ce quelque chose d’exceptionnel dans ce type de parfum l’amène à la limite du sensible, vers une sorte de débordement du monde sensible. L’olfaction est portée à un si haut niveau de perfection que nous quittons le monde exclusivement sensoriel pour tendre vers celui spirituel. “Le parfum est un pont entre nous-mêmes et le monde, porteur d’émotion, donc de quelque chose qui va sortir du sujet. La personne qui est émue est débordée en dedans et en dehors. Le parfum opère ainsi une extension de notre physique et donne une médiation entre soi et le monde.” Comme le dit encore ici Benoît Heilbrunn, le parfum nous place dans une forme d’entre-deux particulière où l’émotionnel paraît amener à la dimension spirituelle.
“On bascule vers une esthétique de la réception qui privilégie non pas les règles d’élaboration, mais le résultat final, y compris les mécanismes cognitifs et émotionnels d’accueil de l’œuvre”18. Delphine De Swardt, rédactrice dans la revue Nez, nous propose alors les conditions qui, selon elle, permettraient une esthétisation du parfum et donc l’avènement d’un art de la fragrance. En effet, Delphine De Swardt parle volontiers du parfum comme d’un “art (em)mêlé”, pour reprendre ses termes, “un art – mais c’est loin d’être le seul – où enjeux commerciaux rivalisent avec enjeux esthétiques, et un art hybride qui ne s’adresse pas qu’à un seul sens.”19. Il est très intéressant de voir ici, d’une part, l’importance donnée à la réception et à la perception dans l’approche d’un parfum ; et, d'autre part, cette porosité déjà évoquée entre esthétique et marque.
L’originalité de la thèse de cette auteure tient en effet à cette idée d’ouverture sensorielle et intellectuelle que supposerait l’esthétique du parfum. “Pour que le parfum quitte sa dimension accessoire, il faut donc lui mettre un cadre, qui, à défaut d’être visuel, serait celui de l’attention focalisée. Le contexte n’est pas nécessairement muséographique, il s’agit plus d’une rigueur d’accueil, d’une ouverture consciente à la réception olfactive.”20. Le champ des possibles qu’ouvre ici Delphine De Swardt laisse envisager une culture olfactive nouvelle, où le choix de monstration du parfum serait au centre. Cette perspective met en effet la préparation à la découverte olfactive au cœur de cette forme d'esthétique. Par cet aspect, l’accès à une dimension esthétique – et non seulement sensorielle – du parfum semble être envisageable, à condition de créer le degré de réceptivité suffisant que requiert le parfum pour se déployer pleinement dans notre esprit. Dans ces dispositions, la fragrance amènerait une contemplation, une rêverie et même un réel transport de notre esprit.
Cependant, au regard des diverses théories que nous venons d’énoncer ici, trancher entre dimension sensorielle ou spirituelle de la fragrance paraît manquer de finesse et de compréhension du parfum. Il apparaît, en effet, après ce que nous avons vu, plus juste de considérer ces deux entités du parfum (sensorielle et spirituelle) sans les hiérarchiser, en les voyant au contraire comme uniques et créant toute la valeur du parfum. Ainsi, cultiver cette pensée de la limite, cet entre-deux qu’a en lui le parfum, peut amener à l’élever en le plaçant dans un statut hybride, à part, en dehors de tous codes et lui procurant ainsi toute sa richesse.
Il apparaît alors temps, après ces considérations théoriques, d'interroger à présent le design, les moyens et les modes de monstrations entrepris dans le domaine du parfum aujourd’hui et de voir si, physiquement et spatialement, ce rêve du parfum et cette esthétique toute particulière peuvent exister et prendre forme.
5Enquête personnelle sans visée scientifique, menée sous forme d’un sondage, réalisée auprès de 48 participants.
6Ibid.
7BETARD Daphné, LEONFORTE Pierre, PAILLES Lionel, “Comment les parfums deviennent des chefs-d’œuvre”, Beaux Arts magazine, n°450 , décembre 2021, p.66-73.
8LE BAU Raphaëlle, “Les parfums Cartier ont un nez et un cerveau, Mathilde Laurent”, podcast The craft project, épisode 30, 2022, sur le site : https://thecraftproject.fr/podcast/
9BETARD Daphné, LEONFORTE Pierre, PAILLES Lionel, Op. cit. p.66-73.
10BETARD Daphné, LEONFORTE Pierre, PAILLES Lionel, “Comment les parfums deviennent des chefs-d’œuvre”, Beaux Arts magazine, n°450 , décembre 2021, p.66-73.
11BROUÉ Caroline, “Jean-Claude Ellena, le nez au vent”, À voie nue, émission France Culture, 2024, sur le site : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-jean-claude-ellena-le-nez-au-vent
12JAQUET Chantal, L’art olfactif contemporain, Editions Classiques Garnier, Paris, 2015, p. 8.
13Ibid.
14ROUDNITSKA Edmond, L’esthétique en question, Ed. PUF, Paris, 1977, p.30.
15Talon-Hugon, Christine, L'esthétique, Éditions Que Sais-je, Paris, 2010, p.10.16 HOLLEY André, Les trois piliers de l’art du parfum, Édition Classiques Garnier, Paris, 2015, pp.15-16.
17 HEILBRUNN Benoît, Le parfum, Mode de recherche n°11. ed. IFM, Paris, 2009, pp.33-34.
18 DE SWARDT Delphine, “Le parfum : un art (em)mêlé”, Nez la revue, publié le 25 mai 2022, sur le site : https://mag.bynez.com/art/le-parfum-un-art-emmele/19 Ibid.20 Ibid.
Lise Mathieu-Manuel
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