ConclusionTout au long de cette recherche, nous avons cherché à déterminer si le parfum pouvait être exposé à travers sa dimension proprement esthétique. Par le biais de la pensée de divers auteurs, parfumeurs et théoriciens, nous avons pu faire émerger l’essence profondément ambivalente du parfum, se situant à la limite du monde sensible et du monde spirituel. Le raffinement élevé qu’atteint en effet la Haute Parfumerie dans ses compositions, sort le parfum d’un statut exclusivement sensuel et le fait, pour ainsi dire, effleurer la conception occidentale de l’esthétique. Cet entre-deux et cette porosité entre art et marque que touche la fragrance, et qui la place en-dehors du champ de l’esthétique classique, nous a amenés à penser une forme d’esthétique privilégiant au contraire la réception, le ressenti et dans laquelle l’attention serait avant tout portée à la conscience de la dimension olfactive, amenant à sa contemplation. 

Cette forme de beauté olfactive a alors réorienté notre approche de la monstration du parfum pour ne plus penser comment placer le parfum dans l’espace, de sorte qu’il en ressorte une esthétique, mais au contraire comment l’espace lui-même peut nous faire entrer dans une forme de résonance avec la fragrance. Ce positionnement nous a donc amenés à comprendre que si nous souhaitons proposer une exposition du parfum tirant vers sa contemplation esthétique, il nous fallait en premier lieu considérer l’espace à travers ce qu’il a de fluctuant, d’évanescent et d’immatériel ; autrement dit, nous pencher sur l’atmosphère d’un lieu. 

En nous référant aux points de vue de théoriciens sur ce sujet, notamment Bruce Bégout sur le concept d’ambiance, nous avons soulevé l’importance du lien entre espace architectural, espace vide et parfums pour créer une véritable ambiance. L’hypothèse de réponse que nous avons alors avancée consistait à créer un espace-atmosphère composé de seuils, ou de passages atmosphériques et olfactifs, jouant sur l’intensité lumineuse et sur les modes de diffusion du parfum. En fusionnant ainsi espace architectural et fragrance, nous avons tenté de montrer que cette traversée de “strates” d’atmosphères parfumées amènerait à ressentir la dimension olfactive de façon contemplative. Le parfum ainsi exposé apparaîtrait à la manière d’un paysage, non dimensionnel et impalpable, rendu tangible par la présence de ces modules d’atmosphères olfactives, découpant par la lumière et l’odeur l’espace. 

Cette conception atmosphérique de l’espace est déterminante dans la progression de ce mémoire, puisqu’elle nous a permis de placer le rôle du design d’exposition au centre de l’esthétisation du parfum et de la création d’une ambiance. Les jeux de lumières, les touches sonores, la fumée, la vapeur ou les matériaux parfumés sont en effet autant d’outils de design d’exposition que nous pouvons mettre en place pour rendre tangible ce parfum-paysage et créer la narration de cette déambulation olfactive. 

Tout au long de cette recherche, nous avons cherché à déterminer si le parfum pouvait être exposé à travers sa dimension proprement esthétique. Par le biais de la pensée de divers auteurs, parfumeurs et théoriciens, nous avons pu faire émerger l’essence profondément ambivalente du parfum, se situant à la limite du monde sensible et du monde spirituel. Le raffinement élevé qu’atteint en effet la Haute Parfumerie dans ses compositions, sort le parfum d’un statut exclusivement sensuel et le fait, pour ainsi dire, effleurer la conception occidentale de l’esthétique. Cet entre-deux et cette porosité entre art et marque que touche la fragrance, et qui la place en-dehors du champ de l’esthétique classique, nous a amenés à penser une forme d’esthétique privilégiant au contraire la réception, le ressenti et dans laquelle l’attention serait avant tout portée à la conscience de la dimension olfactive, amenant à sa contemplation. 

Cette forme de beauté olfactive a alors réorienté notre approche de la monstration du parfum pour ne plus penser comment placer le parfum dans l’espace, de sorte qu’il en ressorte une esthétique, mais au contraire comment l’espace lui-même peut nous faire entrer dans une forme de résonance avec la fragrance. Ce positionnement nous a donc amenés à comprendre que si nous souhaitons proposer une exposition du parfum tirant vers sa contemplation esthétique, il nous fallait en premier lieu considérer l’espace à travers ce qu’il a de fluctuant, d’évanescent et d’immatériel ; autrement dit, nous pencher sur l’atmosphère d’un lieu. 

En nous référant aux points de vue de théoriciens sur ce sujet, notamment Bruce Bégout sur le concept d’ambiance, nous avons soulevé l’importance du lien entre espace architectural, espace vide et parfums pour créer une véritable ambiance. L’hypothèse de réponse que nous avons alors avancée consistait à créer un espace-atmosphère composé de seuils, ou de passages atmosphériques et olfactifs, jouant sur l’intensité lumineuse et sur les modes de diffusion du parfum. En fusionnant ainsi espace architectural et fragrance, nous avons tenté de montrer que cette traversée de “strates” d’atmosphères parfumées amènerait à ressentir la dimension olfactive de façon contemplative. Le parfum ainsi exposé apparaîtrait à la manière d’un paysage, non dimensionnel et impalpable, rendu tangible par la présence de ces modules d’atmosphères olfactives, découpant par la lumière et l’odeur l’espace. 

Cette conception atmosphérique de l’espace est déterminante dans la progression de ce mémoire, puisqu’elle nous a permis de placer le rôle du design d’exposition au centre de l’esthétisation du parfum et de la création d’une ambiance. Les jeux de lumières, les touches sonores, la fumée, la vapeur ou les matériaux parfumés sont en effet autant d’outils de design d’exposition que nous pouvons mettre en place pour rendre tangible ce parfum-paysage et créer la narration de cette déambulation olfactive. 

En posant les jalons théoriques relatifs à la question de l’ambiance et de l’atmosphère, cette recherche crée ainsi un pont vers ce que sera le projet. En effet, cet idéal spatial composé d’air, de seuils olfactifs et où le parfum serait mis au premier plan à travers sa valeur propre, ne pourra exprimer pleinement son potentiel que par la pratique du projet et la confrontation avec la réalité physique. Ainsi, en définissant de façon fine la dimension olfactive, par la découverte de la pensée philosophique du parfum et de l’esthétique, nous pouvons à présent prétendre à créer un espace atmosphérique, stimulant nécessairement l’ensemble de nos sens, mais où ces derniers permettraient de se focaliser et de porter une attention particulière à la finesse d’une fragrance. Ce mémoire nous aura ainsi apporté une ouverture d’esprit sur notre appréhension de l’espace et de la pertinence d’y inclure le sens olfactif comme sujet premier. 

Plus généralement, cette recherche sert ici notre compréhension plus globale du design d’exposition et du rôle que nous aimerions donner à celui-ci dans notre expérience sensible. En effet, en réalisant que ce que l’on perçoit visuellement ou auditivement ne sont pas les seules voies nous permettant d’accéder à l’esthétique et à la beauté, nous découvrons une nouvelle manière de ressentir l’espace en donnant un rôle prépondérant à notre sens olfactif. Ce point de vue change radicalement la manière dont nous pouvons concevoir une exposition, en admettant qu’un espace n’est jamais “vide”, et s’il l’est, il ne le sera que visuellement, car il sera toujours chargé d’air et d’ambiances que le design peut ainsi moduler. L’esthétisation du parfum nous fait donc réaliser que le design d’exposition peut tout autant montrer par l’espace que faire ressentir par l’espace. 
Troisième Partie
Lise Mathieu-Manuel  
DSAA 2 Design d’exposition


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